Deux choses que j’aurais aimé comprendre bien plus tôt dans mon parcours.
On peut penser les choses comme ceci : toute société a besoin que dans chaque nouvelle génération se forme un certain nombre de nouvelles et nouveaux scientifiques, des ingénieur.e.s et des docteur.e.s, en sciences, en lettres, en tout.
Tous les enfants ne deviendront pas ingénieur ou docteur, mais il en faut un certain nombre. Certains auront la vocation plus tôt, soit directement pour un métier, soit pour un certain univers de connaissances, d’autres trouveront leur voie plus tardivement, peut-être après avoir tenté plusieurs filières d’enseignement supérieur.
Et, pour que ceux qui le veulent parviennent aussi loin, il faut que le parcours d’enseignement le leur permette. Et c’est pour cela que nous apprenons à l’école des tas de choses dont la plupart ne nous serviront pas : pour que ceux qui en auront besoin un jour les aient apprises. Nous apprenons toutes sortes de choses pour être prêts si vient le jour où nous en aurons besoin.
Nous apprenons des maths qui ne nous serviront que si nous allons assez loin en maths ou en sciences. Nous apprenons de la littérature qui ne nous servira peut-être que si nous étudions ensuite ce domaine. Et ainsi de suite. C’est pour conserver un maximum de chances de poursuivre, individuellement et collectivement, que nous apprenons toutes ces choses. Mais sans garantie que nous en aurons besoin un jour.
Et alors, oui, certaines et certains deviendront des chercheuses et des chercheurs. Celleux-là auront alors besoin de savoir lire un article scientifique et le retranscrire précisément, sans altération. Pour faire avancer la science, il faut savoir que Newton a décrit la gravité de telle façon, et qu’Einstein l’a décrite tout autrement. Il faut comprendre les différences et subtilités, et savoir les confronter aux faits d’expérience. On ne peut pas faire avancer la science en restant dans l’à-peu-près. C’est donc une compétence essentielle que de savoir restituer un cours ou un article de façon exacte, sans y mêler nos propres interprétations et suppositions.
Bien sûr, notre capacité de jugement, notre créativité et notre sens critique seront très utiles aussi, et il est dommage qu’ils ne soient pas également entraînés de façon systématique. Mais l’appropriation et la restitution exactes restent essentielles. Et une grande partie de l’évaluation au cours de nos études repose sur cette capacité de restitution.
